Les Multinationales « Verts » Démasquées Comment la transition énergétique est détournée à leur profit par les grandes entreprises

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Depuis plus d’un siècle, les multinationales de l’énergie détruisent la planète et exploitent les populations à la recherche de profits. Aujourd’hui, les producteurs d’électricité et les fabricants de technologies se présentent comme « verts » pour renforcer leur réputation et bénéficier de subventions publiques, accaparant des terres, violant les droits de l’homme et détruisant des communautés en cours de route. Notre enquête auprès de quinze multinationales « vertes » montre de manière concluante que les résultats financiers, et non la décarbonation, sont leur principale activité. Le capital « vert » s’est emparé de la transition énergétique, en dictant son rythme et en bloquant les politiques climatiques qui entravent ses profits. Il est temps de s’attaquer à ces entreprises de greenwashing et de reconquérir l’ensemble du secteur énergétique par le biais de la propriété publique et d’une gouvernance démocratique.

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Introduction

Les grandes multinationales de l'énergie se présentent de plus en plus comme « vertes », en cherchant à nous faire croire qu'elles seraient à l'avant-garde de la transition énergétique. En réalité, ces entreprises ont surtout détourné la transition pour protéger leurs profits.

Les multinationales « vertes » se comportent en grande partie comme les géants du pétrole et du gaz — ce qui n'est guère surprenant dès lors que bon nombre de ces multinationales vertes restent aussi et avant tout des entreprises d'énergies fossiles. Le constat vaut tant pour les entreprises mul- tinationales à capitaux privés que pour les entreprises d'État, nombre de ces dernières adoptant — surtout en dehors de leurs pays d'origine — des modèles commerciaux axés sur le profit qui provoquent des ravages sur le plan social et environnemental. Aucune transition énergétique digne de ce nom ne pourra avoir lieu tant que ces multinationales du greenwashing ne seront pas démantelées et remplacées par un secteur énergétique public et démocratiquement organisé, qui ne soit pas géré dans un but lucratif.

Les conclusions ci-dessous sont basées sur des profils de quinze entreprises, dont certaines des plus grandes multinationales de l'énergie, qui se présentent comme « vertes » du fait de de l'énergie renouvelable qu'elles produisent (ou prétendent produire) ou des technologie de transition qu'elles fabriquent. Ces entreprises prétendent être à la pointe de l'action climatique et, ce faisant, veulent donner l'impression au public qu'il peut se fier aux forces du marché et à l'industrie pour décarboner la société. Pourtant, ces profils suggèrent que ces entreprises n'ont en réalité jamais cessé de saper les efforts en vue d'une véritable transition énergétique.

Les quinze entreprises étudiées ont consacré la somme total de 130,77 milliards de dollars US en dividendes et 24,80 milliards de dollars US en rachats d'actions entre 2016 et 2022 — tout en continuant à demander de l'argent public pour investir dans de nouveaux projets. Au total, elles ont réalisé un bénéfice de 175,86 milliards de dollars US entre 2016 et 2022. Cela représente plus de sept fois le soutien financier réel que les pays riches ont apporté aux pays pauvres pour lutter contre le change- ment climatique et s'y adapter (bien qu'ils se soient engagés à verser 100 milliards de dollars US par an en 2009). Ces multinationales ont continué à accumuler des profits alors que le monde — en particulier les communautés pauvres, du Sud et racisées — souffrait de la pandémie de COVID–19, du dérèglement climatique, de la pire crise énergétique depuis des décennies et de la crise du coût de la vie qui s'en est suivie, plongeant des dizaines de millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté.

Les entreprises étudiées sont principalement (mais pas exclusivement) des en- treprises énergétiques basées en Amérique du Nord et en Europe : British Gas/ Centrica, EDF Renouvelables, Enbridge, Endesa, E.On, Engie, Iberdrola, NextEra Energy, Ørsted, Southern Company, Vattenfall. Une autre entreprise, Adani Green, est basée en Inde. Nous avons également inclus dans notre étude deux fournisseurs d'équipements clés pour les technologies solaires et éoliennes (JinkoSolar et Siemens Gamesa) et un fabricant de voitures et de batteries (Tesla).

Nous avons sélectionné cet échantillon de multinationales aux métiers divers pour démontrer la nécessité de se réapproprier et transformer le secteur de l'énergie dans son ensemble — de la production d'équipements à la vente au détail, de la production à la distribution, des véhicules électriques au stockage. Pour établir les profils de ces entreprises, nous avons recueilli des données financières sur les activités commerciales, l'histoire et les actionnaires de chaque entreprise, ainsi que des informations sur leurs impacts sociaux, en- vironnementaux et politiques.

Cette recherche a été coordonnée par le Transnational Institute et réalisée par CorpWatch, l'Observatoire des multinationales et l'Observatori del Deute en la Globalització, qui font tous partie du réseau ENCO, le réseau européen des observatoires de multinationales.

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